mardi 26 juin 2012

Tunisie : Hamadi Jebali a fait un bébé dans le dos de Moncef Marzouki


A l’heure qu’il est, on ignore le sort réservé à l’ex-Premier ministre libyen Mahmoudi Baghdadi Mahmoudi, extradé de Tunisie, mais on imagine bien que ce ne sera pas facile pour lui : être passé par les armes sans autre forme de procès est une éventualité à laquelle il pourrait être confronté en dépit des professions de foi des autorités de Tripoli.
Jusque-là emprisonné dans une prison proche de Tunis, l’ancien Premier ministre de Mouammar Kadhafi, qui avait tenté de fuir  son pays fin septembre 2011 vers l’ Algérie mais s’était retrouvé malencontreusement incarcéré au pays d’Habib Bourguiba, a finalement été extradé presque en catimini au petit matin du dimanche 24 juin dernier selon son avocat, Mabrouk Kourchid.
On se doutait bien que le Premier ministre tunisien, l’islamiste Hamadi Jbèli, en recevant avec un large sourire son homologue libyen et en déclarant en cette circonstance que son pays ne serait pas un refuge pour ceux qui menacent la sécurité de leur pays, annonçait déjà la couleur : renvoyer au plus tôt au bercail ce colis encombrant que constituait  Baghdadi Mahmoudi ; un acte que les avocats de l’ex-dignitaire libyen ont dénoncé et qualifié de « crime d’Etat », et ils n’ont pas tout à fait tort, puisque,  on ne livre jamais pieds et poings liés à ses ennemis un homme qui a trouvé refuge sous votre aile protectrice ; un geste d’autant condamnable que la Libye est coutumière de la peine de mort pour la moindre peccadille. Alors qu’en sera-t-il d’un gros poisson tel cet ex-PM de 67 ans, à qui on reproche d’avoir soustrait du Trésor public de son pays ?
C’est exactement la préoccupation du Président provisoire Moncef Marzougui, qui, déjà aux premières lueurs de ce mois de juin, ne faisait pas mystère de son refus de faire extrader l’ancien bras droit de « Guide de la Révolution libyenne » sans, en retour, avoir obtenu de réelles garanties de respect de ses droits de l’homme et la promesse d’un procès équitable ; justement, quelles garanties des droits de la personne humaine peuvent respectivement donner les dirigeants de la Libye, et quel procès équitable peuvent-ils promettre, de nos jours, concernant cet ancien dignitaire aux abois dans une Libye où la pagaille est reine ?
Très peu, sinon rien !
C’est ce qui fonde la colère, somme toute légitime, de Marzougui, lui à qui son Premier ministre a fait un bébé dans le dos en renvoyant « l’hôte libyen » au bercail sans avoir eu la civilité républicaine de l’en prévenir auparavant : en effet, tout président de la République provisoire qu’il est, Moncef Marzougui a appris cette extradition presque au même moment que le commun des mortels tunisiens.
Et il est en colère, ce, d’autant que son quitus était nécessaire pour la concrétisation d’un tel acte. On peut donc dire que Jbèli a sablé le couscous de Marzougui, ce qui provoque une tambouille au sommet de l’Etat. Il est d’ailleurs question que l’Assemblée nationale constituante s’en saisisse. Et on imagine bien que, dans ce conflit, on n’en restera pas là. Voilà comment une affaire extérieure, qui aurait pu être rondement menée, risque de faire voler en éclats le très fragile équilibre qui tenait la troïka au pouvoir ( Les islamistes d’Ennahdha ,le CPR et Ettakattol ).