vendredi 26 février 2016

Tunisie: Une enquête d’Al Watan relève un trafic d’armes intense entre la Tunisie et l’Algérie

L’édition du journal algérien Al Watan de ce vendredi 26 février 2016 comporte une enquête qui fait froid dans le dos, si tout ce qui y est dit est avéré. Le journaliste Bouzid Echalalène a pu pénétrer en Tunisie en compagnie d’un trafiquant d’armes, un certain Rachid et ce, en évitant la frontière, mieux surveillée.

L’enquête a remonté le fil du trafic d’armes entre les deux pays et a établi que les trafiquants préfèrent faire l’acquisition de fusils d’assaut, de pistolets et de kalashnikovs en Tunisie. Ces produits viendraient de la Libye et sont présentés comme étant moins coûteux qu’en Algérie.

Le journaliste décrit son périple, à travers les pistes agricoles, un espace où manifestement les trafiquants vont et viennent en toute impunité. Rachid aurait même confié à Echalalène : « Demain, tu verras des choses auxquelles tu ne vas pas croire. Tu verras que c’est nous qui gouvernons ici. C’est nous qui fixons les lois ».

Ils auraient même croisé une voiture des garde-frontières au moment de fouler le sol tunisien, mais le trafiquant aurait dit au journaliste, l’air très sûr de son affaire : « Personne ne viendra nous parler. Nous avons passé un accord avec eux. Il y a certaines heures dans la journée où ils ferment les yeux et ne contrôlent personne. En contrepartie, on les paye. C’est du commerce gagnant-gagnant ».

Cette enquête ne redore pas le blason de la douane tunisienne, qui ne ferait pas suffisamment son travail, ou pire : Fermerait les yeux sur le commerce lucratif mais mortifère des trafiquants d’armes. Mais les douaniers ne sont pas les seuls à être pointés du doigt, il y a aussi des autorités des deux pays qui couvriraient ce trafic. « Si on devait contrôler tout le monde, alors on devrait aussi arrêter tout le monde », aurait-on répliqué au journaliste algérien, pour tenter de justifier l’injustifiable.

Echalalène conclut en ces termes : « En fin de journée, je reprends sans encombre le chemin de Tébessa. Et je croise à nouveau Rachid, un peu pressé. Le soir même, il repartira en Tunisie où «des affaires» l’attendent »…
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