mardi 27 septembre 2016

CPI : 9 ans de prison pour avoir détruit les mausolées de Tombouctou

Un verdict historique a été rendu aujourd’hui par la . Le Touareg Ahmad Al Faqi Al Mahdi, accusé de crime de guerre pour avoir détruit des mausolées protégés à Tombouctou, au Mali, a été condamné à neuf ans de prison. Une première.La Cour pénale internationale (CPI) a rendu mardi 27 septembre un jugement historique contre le jihadiste malien Al Mahdi, qui a reconnu avoir détruit des mausolées protégés ,classés par l’Unesco au patrimoine mondial , à Tombouctou au Mali.Neuf ans d’emprisonnement. La Cour pénale internationale (CPI) a rendu ce mardi un jugement historique contre Ahmad Al Faqi Al Mahdi, le jihadiste malien ayant reconnu avoir détruit , en 2012 , des mausolées protégés à Tombouctou.« M.Al Faqi Al Mahdi, le crime pour lequel vous avez été reconnu coupable est très grave », a affirmé le juge Raul Pangalangan : « la chambre vous condamne à neuf années de détention ». Un peu plus tôt, les juges avaient conclu que l’accusé était coupable de la destruction de mausolées dans la ville malienne de Tombouctou, étant donné « sa participation directe à de nombreux incidents et son rôle en tant que porte-parole pour justifier les attaques dans les médias ».L’accusation avait requis entre neuf et onze ans de détention, soit une peine reconnaissant à la fois la gravité du crime et la collaboration de l’accusé. La défense s’était engagée à ne pas interjeter appel si la peine décidée par les juges suivait ce réquisitoire.Aucune circonstance aggravante n’a été retenue contre le criminel. Plusieurs circonstances atténuantes ont été prises en compte : l’admission de culpabilité d’Ahmad Al Faqi Al Mahdi, sa coopération, son empathie pour les victimes et ses remords ainsi que sa « réticence initiale à commettre les crimes.Après avoir plaidé coupable à l’ouverture de son procès, cet homme aux petites lunettes avait demandé pardon à son peuple, assurant être « plein de remords et de regrets ». Disant avoir été à l’époque « sous l’emprise » de groupes jihadistes, il avait appelé les musulmans du monde entier à résister « à ce genre d’actions ».Ce procès, le premier pour destruction de biens culturels, a vu une avalanche d’autres primeurs : premier accusé à reconnaître sa culpabilité, Ahmad Al Faqi Al Mahdi est le premier jihadiste à être jugé à La Haye et le premier accusé dans le cadre du conflit malien.Un homme qui a incarné le djihadisme malienVersé depuis son plus jeune âge dans l’étude du Coran, Ahmad Al Faqi Al Mahdi a pourtant incarné le nouvel ordre djihadiste imposé dans le nord du Mali en 2012.Né « vers 1975 », selon le procureur de la CPI, à Agoune, à 100 km à l’ouest de Tombouctou, cet homme barbu à l’abondante chevelure bouclée, décrit comme réservé, voire introverti, a été le maître d’œuvre de la démolition de ces monuments classés au Patrimoine mondial de l’humanité.Il est accusé d’avoir « dirigé intentionnellement des attaques » contre neuf des mausolées et contre la porte de la mosquée Sidi Yahia. Il lui est reproché d’avoir participé à toutes les étapes : de la planification à l’exécution, en passant par le sermon du vendredi précédant la destruction.Diplômé de l’Institut de formation des maîtres de Tombouctou, ancien fonctionnaire de l’Education malienne qui a vécu en Libye et en Arabie saoudite, il a fréquenté très tôt l’école coranique.« Parmi les 82 élèves de la madrassa, Ahmad avait de loin la mémoire la plus phénoménale. Il avait tout le Coran dans la tête », se souvient El Hadj Mohamed Coulibaly, son ancien maître d’école coranique dans les années 1980, aujourd’hui imam près de Bamako. « On ne pouvait pas le coller ni le prendre en défaut. »Les experts et les Nations unies espèrent que le jugement « mettra fin à l’impunité » pour la destruction de biens culturels, alors que de nombreux sites sont régulièrement détruits en Irak ou en Syrie.Mais même si la liste des sites en danger ne cesse de s’allonger, d’autres poursuites ne seront pas évidentes. Ni l’Irak, ni la Syrie n’ont signé le Statut de Rome, le traité fondateur de la CPI. Sans décision de l’ONU, aucune enquête n’est possible.
Avec agences