mercredi 28 septembre 2016

France : la mairie e Marseille annule le projet de grande mosquée

La mairie de Marseille résilie le bail du terrain sur lequel devait être construite la grande mosquée de la ville.Le conseil municipal de lundi prochain devrait entériner la résiliation du bail du terrain qui devait servir à accueillir la future grande mosquée de la ville, projet en jachère depuis 2013.Le quotidien La Provence énumère les motifs de cette rupture  : caducité du permis (la mosquée devait être livrée en septembre 2016 au plus tard), non-paiement d’une partie du loyer annuel de 24 000€ (l’association est débitrice de 62 000 €), défaut d’entretien des bâtiments, couverts de graffitis et incendiés, abandon du terrain, jonché de détritus… Bref : un fiasco retentissant.« Si la ville résilie ce bail, c’est qu’elle en a l’obligation. Sinon, elle sera responsable sur ses fonds propres devant le trésorier payeur général », explique à La Provence, l’adjointe à l’urbanisme Marie-Agnès Caradec. Lancé il y a presque 10 ans, le projet n’a pas dépassé le stade de la première pierre, faute de financements.La ville avait consenti un bail emphytéotique d’une durée de 50 ans à l’association « La mosquée de Marseille », porteuse du projet, pour un terrain de 8.000 m2 sur le site des anciens abattoirs au nord de la ville, dans le 15e arrondissement. Selon le journal, plusieurs motifs sont évoqués pour la rupture du bail, notamment un permis de construire désormais caduque – le bâtiment aurait dû être livré en septembre – et un défaut de paiement du loyer.Rien n’a été faitAprès plusieurs tentatives avortées, le dernier projet en date datait de 2006 : à l’époque, une délibération était votée par le conseil municipal accordant un bail emphytéotique de cinquante ans à l’association la Mosquée de Marseille, pour un terrain de 8 000 m2 situé dans le XVe arrondissement de la ville, en vue de la construction de l’édifice. Après une série de recours en justice déposés par le Front National, la première pierre avait finalement été posée par le maire, Jean-Claude Gaudin, en 2013.Depuis, plus grand-chose. Voués à la démolition, les anciens abattoirs qui occupent le terrain sont toujours debout et le chantier piétine. «Le permis de construire prévoyait que l’association avait sept ans pour construire la mosquée. Or rien n’a été entrepris», pointe Laure-Agnès Caradec, adjointe au maire déléguée à l’urbanisme. Une première raison pour résilier le bail, qui s’ajoute aux difficultés de paiement des loyers enregistrées depuis 2013. «L’an dernier, la ville a été sollicitée à deux reprises par le trésorier-payeur général nous indiquant que nous ne pouvions pas laisser courir cette dette, qui s’élève à 62 000 euros», poursuit l’adjointe, qui assure avoir envoyé plusieurs courriers à l’association pour les alerter. «Je n’ai eu aucune réponse, soutient-elle. La ville avait obligation à agir.» Ce sera chose faite lundi, avec la résiliation du bail.«Loyer du terrain jugé trop élevé»S’il reconnaît l’échec du projet, le président de l’association la Mosquée de Marseille, Abderrahmane Ghoul, refuse d’en endosser la responsabilité : «La municipalité nous a ligotés par des conditions qui ne nous laissaient aucune autonomie», rétorque-t-il.Premier frein, selon lui, le loyer du terrain, jugé trop élevé. Initialement, celui-ci avait été fixé par la ville à 300 euros annuels. Mais après une décision du tribunal administratif saisi par le Front National, le conseil municipal avait dû voter un nouveau tarif de 24 000 euros par an. «Ailleurs, des baux sont faits pour un euro symbolique», relève Abderrahmane Ghoul, qui dénonce également les délais impartis pour réaliser le projet. «La mosquée de Paris a mis quarante-deux ans à sortir de terre, celle de Lyon vingt-six ans… Dans toutes les grandes villes on a ce genre de délais et, nous, on nous donne cinq ans», déplore-t-il. Le tout assorti d’un «contexte pas en notre faveur avec les printemps arabes et les actes de terrorisme en France» qui n’auraient pas facilité la récolte des 22 millions d’euros de dons nécessaires au projet.Des caisses videsLes dissensions au sein de l’association sur des questions de financements étrangers et des doutes sur l’utilisation des fonds finiront de décourager les donateurs privés. Aujourd’hui, malgré 200 000 euros de dons récoltés auprès des fidèles, les caisses sont vides. Le président l’assure, il a tenté d’alerter le maire sur la situation, en vain. «Cela fait quatre ans qu’on lui écrit, mais la mairie a fermé la porte», déplore Abderrahmane Ghoul, qui veut croire qu’un accord est encore possible. «On n’est pas à un jour près pour résilier le bail, il y a d’autres solutions, plaide-t-il. On peut revoir le projet à la baisse, utiliser les bâtiments existants pour faire baisser la facture. Cela pousserait les donateurs car ils verraient du concret.» A défaut d’entente, il se réserve le droit de «se défendre» en justice.Mais pour la mairie, la messe est dite. «S’il y a un nouveau projet, mon bureau est ouvert. Mais pas avec cette association telle qu’elle est constituée aujourd’hui, tranche Laure-Agnès Caradec. Il faut repartir avec une crédibilité et une vraie possibilité d’aboutir.» Sauf qu’il sera difficile, concède-t-elle à demi-mot, de laisser le terrain en jachère plus longtemps. «On va avoir un souci de gardiennage, il est immobilisé depuis fort longtemps… Il va falloir réfléchir à une nouvelle vocation.»
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