samedi 9 juin 2012

La troupe de Marzouki voit partout des ennemis et tire sur tous les fronts


Au vu du nombre de polémiques et de coups médiatiques dont l’origine semble être la présidence de la république, parfois clairement le locataire de Carthage en personne, il y a lieu de s’interroger sur les tenants et les aboutissants de telles pratiques : tantôt c’est un conseiller par-ci ou un collaborateur par-là ; tantôt c’est une déclaration présidentielle, personnelle ou par journaliste interposé.
On a donc eu droit à tout le cinéma autour des « symboles de l’ancien régime » ; puis c’est l’opposition qui a été traitée de tous les qualificatifs du discrédit, ensuite ce fut l’armée, après c’est le gouvernement (soudain devenu exclusivement nahdhaoui) et maintenant c’est la Banque centrale de Tunisie, en la personne de son gouverneur et de son conseil d’administration.
En tout cas, sur Hannibal TV, le président de transition (qui prépare à grands effets sa pérennité), faisant fi des limites de ses prérogatives et donc des pouvoirs de l’ANC, déclare avoir déjà décidé le limogeage du gouverneur de la BCT depuis plusieurs mois. Il y a de quoi inquiéter les tunisiens quant aux instances qui les gouvernent et peut-être aussi au comportement de certains responsables qui y siègent.
En tout cas le gouverneur Mustapha Kamel Nabli reste serein et rationnel comme il a toujours été. L’essentiel pour lui c’est que selon l’organisation provisoire des pouvoirs, le président de la république n’a pas le droit de démettre le gouverneur de la Banque centrale. De ce fait, la déclaration du président est en opposition avec la décision de l’Assemblée nationale constituante concernant l’indépendance de la Banque centrale, en opposition également avec la logique de gouvernance prônée par la révolution dans la mesure où cela consacrerait la concentration des pouvoirs.
Le gouverneur de la BCT déplore les insinuations de M. Marzouki laissant penser que la Banque centrale est sous des influences étrangères, ce qui est à la fois dangereux et inacceptable ; car, souligne-t-il, la BCT est une institution nationale qui ne tient en considération que l’intérêt national et les propos du président portent atteinte à la dignité du Conseil d’administration de cette institution.
Il a été précisé par ailleurs que, contrairement à ce qu’on ne cesse de prétendre, il n’y a aucun différend entre le gouvernement et la BCT.